Plus d’un milliard de personnes fument à travers le monde. La Suisse n’échappe pas à cette épidémie mondiale de tabagisme, or le tabagisme reste la cause la plus fréquente de décès et de handicaps. En 2016 en Suisse plus de un quart de la population de plus de 15 ans fumait des cigarettes de tabac. Le marché du tabac repose toujours sur la vente de nicotine, drogue qui crée une dépendance, mais les produits du tabac se sont diversifiés : snus, narguilé ou pipe à eau, cigarettes électroniques ( e-cigarettes), cannabis légal ou non sont apparues sur le marché…En effet face à la vente de cigarettes classiques, les fabricants de cigarettes ont rivalisé d’ingéniosité…Ces nouveaux produits du tabac présentent-ils autant de risques pour la santé que les cigarettes classiques?
La prévalence mondiale du tabagisme quotidien a diminué de 25% chez les hommes et de 42% chez les femmes entre 1980 et 2012. Mais l’augmentation de la population a fait augmenter le nombre absolu de fumeurs de 41% chez les hommes et de 7% chez les femmes. Dans la fumée des cigarettes classiques, on met en évidence plus de 4 800 substances, dont plus de 250 qui sont toxiques et plus de 70 qui sont carcinogènes. L’usage des cigarettes de tabac est connu pour favoriser les maladies cardiovasculaires telles que infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, mais également BPCO, cancers, etc
Le snus est un tabac humide conditionné dans de mini-coussinets qui ressemblent à des sachets de thé. Le sachet est glissé entre la gencive et la lèvre (supérieure ou inférieure), le sachet poreux reste en place quelques minutes ou plus. La nicotine est alors absorbée par la gencive et atteint la circulation sanguine. la teneur en nicotine d’un sachet de snus correspond environ à 3 cigarettes mais dépend beaucoup de la méthode de fabrication. Le snus est utilisé par de nombreux sportifs pour le « coup de fouet » qu’il provoque…
Le tabac oral est une tradition en Scandinavie, la Suède est parvenu à obtenir une dérogation à l’interdiction du Snus en Europe. La Suisse a légalisé la vente de snus en 2022.
On sait que ce tabac oral entraîne très rapidement une dépendance, est responsable d’affections dentaires, de cancers de la cavité buccale, de l’oesophage et du pancréas, de maladies cardiovasculaires. Ce tabac oral comporte plus de 30 carcinogènes. L’OMS déconseille la consommation de toute forme de tabac oral. Les dentistes constatent également que le snus favorise la rétractation des gencives et le déchaussement des dents.
En Suisse l’utilisation du narguilé augmente depuis 2011, 23% des 15-19 ans al’utilisent; 35% de manière occasionnelle. Or fumer la chicha est également nocif. Fumer le narguilé est une habitude du Proche-Orient, d’Afrique du nord, etc Depuis quelques décennies fumer le narguilé a gagné l’occident, surtout les jeunes. Aux Etats-Unis on dénombre davantage de fumeurs de chicha que de cigarettes.
La fumée du tabac parfumé qui est brûlé par la braise de charbon, passe dans l’eau avant d’être inhalé. Ce passage dans l’eau est destiné à refroidir et humidifier l’aérosol mais ne filtre pas. La fumée froide permet d’inhaler un plus grand volume ( 200 à 1 000 ml) alors que c’est 50 à 100 ml pour les cigarettes.
Le charbon qui est utilisé pour la combustion libère également des substances nocives telles que plomb, cuivre, chrome, arsenic et une grande quantité de monoxyde de carbone. On observe ainsi de plus en plus d’intoxication au monoxyde de carbone. Ces substances sont bien sûr également présentes dans le tabac mais en plus faible quantité.
Contrairement aux idées reçues, fumer la chicha provoque les mêmes dommages que fumer des cigarettes.
Les e-cigarettes vaporisent un liquide au moyen d’une résistance chauffante : ENDS, Electronic Nicotine Delivery System.
Le principal composant est un liquide qui contient de la nicotine avec du propylène glycol ou de la glycérine comme véhicule et de nombreuses systèmes aromatiques. La vaporisation est réalisée entre 100 et 300°. Dans les liquides la teneur en nicotine est de 20 mg/ml dans les liquides (c’est la valeur maximale selon une directive de l’UE mais aux Etats-Unis la teneur autorisée va jusqu’à 50 mg/ml).
Plus de 100 substances chimiques sont mises en évidence dans la vapeur, notamment nitrosamines, aldéhydes, toluène, mais également des métaux lourds qui proviennent de la résistance chauffante : cadmium, nickel, plomb, etc
Le vapotage consiste à inhaler des vapeurs créées par le chauffage à haute température d’un liquide à l’intérieur de la cigarette électronique. Il y a de nombreuses critiques envers ce dispositif souvent présenté comme une aide à l’arrêt du tabac car on ne connaît pas la composition dans le détail de ces liquides chauffés, on ne sait pas donc ce que les gens inhalent (trop de références disponibles sur le marché, absence de normes, etc).
Rapport 2019 de l’OMS à propos de l’épidémie de tabagisme : la page 56 du rapport aborde la question de la cigarette électronique : Les Electronic nicotine delivery systems (ENDS) sont des dispositifs qui chauffent un liquide pour créer un aérosol ,qui est inhalé par l’utilisateur. Le liquide contient de la nicotine mais pas du tabac et d’autres produits chimiques qui peuvent être toxiques pour la santé. Certains dispositifs sont dits ENNDS, normalement le liquide ne contient pas de nicotine mais lorsque l’on teste ces liquides 0 nicotine, on retrouve souvent de la nicotine… Selon ce rapport de l’OMS il n’y a pas de données disponibles pour le moment à propos des effets de la cigarette électronique sur la santé. On observe que la combustion des vapeurs pousse les cellules buccales à libérer des protéines inflammatoires qui peuvent favoriser diverses maladies bucco-dentaires.
On suspecte également le vapotage d’être à l’origine d’une maladie pulmonaire grave :pneumopathie aigue associée à l’utilisation des produits de e-cigarettes, EVALI : E-cigarette or Vaping product use Associated Lung Injury.
Elle pourrait être en lien avec les produits inhalés qui contiennent du THC, substance active du cannabis, et l’acétate de vitamine E ( VEA) , une huile visqueuse utilisée comme diluant du THC, surtout dans les produits illicites. . La pyrolyse de ce VEA libère de l’ethenone, un gaz toxique proche du phosgène, qui appartient à la classe des kétènes. Les liquides pour e -cigarettes enrichis en dérivés du cannabis échappent actuellement à tout contrôle légal. Les patients atteints de la maladie du vapotage présentent un syndrome de détresse respiratoire aiguë :dyspnée, douleurs thoraciques, toux, hémoptysies, etc. On décrit également des signes généraux, fièvre, fatigue, perte de poids, nausées, vomissements, diarrhées. La sévérité de l’insuffisance respiratoire est variable, 20% des patients nécessitent une intubation et une ventilation mécanique. Un syndrome inflammatoire biologique important est souvent retrouvé. Sur les scanners pulmonaires on observe des infiltrats bilatéraux en verre dépoli.
Sur le site du CDC, Center for disease control : outbreak of lung injury associated with E-cigarette Use or vaping 26 personnes sont mortes aux Etats-Unis après avoir utilisé des cigarettes électroniques, contenant la plupart du temps, selon les autorités sanitaires, des liquides infusés au cannabis.
En France par exemple le Ministère de la santé demande aux médecins de signaler des atteintes pulmonaires graves qui pourraient être en lien avec le vapotage.
Selon le CIPRET, Centre d’information et de prévention du tabagisme, donne des conseils pour arrêter de fumer avec une vapoteuse : choisir une vapoteuse qui permet de choisir la quantité de nicotine; essayer plusieurs modèles pour trouver celui qui convient le mieux, choisir un liquide avec de la nicotine ( le dosage de nicotine est différent suivant les personnes. Augmenter le dosage en cas de symptômes de manque; le diminuer en cas de sensation de dégoût. Remplacer peu à peu les cigarettes par la vapoteuse. Diminuer progressivement le dosage en nicotine toutes les 2 à 4 semaines jusqu’à l’arrêt complet.
Selon le CIPRET, vapoter est moins dangereux que fumer, la vapoteuse contient moins de produits chimiques : pas de monoxyde de carbone ( responsable des maladies cardiovasculaires), pas de goudron ( responsable des cancers). Il est bien possible de vapoter et utiliser dans le même temps des substituts nicotiniques.
Les E-cigarettes sont un véritable tremplin vers les cigarettes de tabac.
Initialement seules les e-cigarettes sans nicotine étaient autorisées sur le marché suisse mais depuis mai 2018, après un recours au tribunal administratif fédéral, les e-cigarettes content de la nicotine sont vendues en Suisse, et y compris aux mineurs en raison d’un vide juridique.
Ces produits qui chauffent le tabac au lieu de le brûler appelés Heated Tobacco Products ou HTP, font dire aux cigarettiers qui les fabriquent qu’ils agissent pour un monde sans fumée…
Ces dispositifs contiennent de véritables produits du tabac avec divers arômes et additifs; ils sont chauffés entre 30 et 350° ( alors que pour une cigarette classique la combustion intervient entre 600 et 900°). La teneur en nicotine est de 0,5 mg dans l’aérosol ( 0,4 à 0,8 mg dans la fumée des cigarettes de tabac classiques). La composition de l’aérosol ressemble à ceux des cigarettes mais souvent à de plus faible concentration.
Le leader de ces produits chauffés est leader est l’IQOS™ commercialisé en Suisse depuis 2015. Selon le CIPRET, ces produits du tabac chauffé ne sont pas des vapoteuses et ne sont pas recommandés.
Autres produits disponibles :
A ce jour aucune donnée n’est disponible.
Une nouvelle loi révisée sur les produits du tabac et de la nicotine entrera en vigueur en 2024 et interdira la vente de tous les produits concernés aux mineurs. La Suisse sera le dernier pays européen à prendre cette mesure. La votation de février contre la publicité pour le tabac à l’intention des jeunes et des enfants exigera également une nouvelle révision de la loi. Une loi sur l’imposition du tabac prévoit une taxe sur les cigarettes électroniques.
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