Un vaccin est en cours de recherche contre ce virus du Covid-19 mais dans tous les cas il faudra attendre au moins un an pour qu’un vaccin soit disponible et puisse être administré à la population. Dans cette attente les scientifiques tentent de trouver des pistes thérapeutiques. Aucun traitement n’est pour l’instant validé, mais de nombreux traitements sont à l’étude. Pour mémoire ce virus SARS-CoV-2 fait partie des coronavirus, à l’origine du rhume, pathologie bénigne contre laquelle nous ne disposons toujours pas de traitement curatif.
Certains traitements semblent efficaces en laboratoire, dans des cultures de cellules mais il faut encore prouver leur efficacité au plan clinique et cela prend beaucoup de temps. Par conséquent, étant donné qu’il y a urgence à traiter des patients qui présentent des formes graves de Covid-19, des médicaments utilisés dans d’autres indications sont utilisés. Jusqu’à présent nous ne disposons pas de beaucoup de traitements antiviraux mais il en existe, le SIDA est également une maladie virale pour laquelle plusieurs traitements ont fait leur preuve et sont donc utilisés avec succès depuis plusieurs années.
Comme pour toutes les pathologies virales, un traitement antiviral doit être administré aussi tôt que possible afin de limiter la réplication virale dans l’organisme. En effet le syndrome de respiratoire aigue qui est observé, (ARDS acute respiratory distress syndrome) résulte de l’effet du virus sur les cellules et la réaction immunitaire exacerbée qui en résulte du fait de cette suréactivation des cellules T .
Normalement pour communiquer, les cellules immunitaires utilisent des cytokines, qui sont des groupes de protéines sécrétées par les cellules du système immunitaire. Elles agissent comme des messagers chimiques. Les cytokines libérées affectent les actions des autres cellules en se liant aux récepteurs situés à leur surface. Ils reçoivent le message chimique de la cytokine, puis la cellule réceptrice effectue une réponse basée sur ce message.
Dans l‘infection Covid-19, le choc cytokinique résulte d’une production excessive de cytokines, déclenchée par le virus SARS-CoV-2. Il se manifeste par une violente réponse inflammatoire du système immunitaire. c’est une réponse inadaptée et nocive.
Lopinavir et Ritonavir : Kaletra®
Ces molécules anti-VIH sont disponibles depuis l’an 2000 sous le nom de KALETRA®. Elles sont validées par Swissmedic dans cette indication du traitement des patients infectés par le VIH. On a donc repositionné ce traitement anti-VIH sur le Covid-19.
In vitro ces molécules ont une action sur le coronavirus mais inférieur au Remdesevir. Des effets sur les animaux ont été observés lors de l’épidémie de SRAS et de MERS.
Des effets sur l’homme ont été observés chez des patients présentant une pneumonie. ( se référer au guideline des HUG pour accéder aux références des études) Le mécanisme d’action n’est pas connu.
Remdesivir est un antiviral à large spectre qui a une action in vitro contre les coronavirus, y compris SARS-CoV-2. Il pourrait être efficace mais nous manquons encore de données robuste. Il avait été essaye sans grand succès contre le virus Ebola. Chez l’animal il réduit la charge virale, améliore les symptômes cliniques et améliore la fonction respiratoire.
Le mécanisme d’action est connu : Remdesivir intervient au niveau de la réplication du virus, il inhibe l’ARN polymérase, dont le nouveau coronavirus a besoin pour pouvoir se multiplier au sein des cellules infectées. Des études sont en cours en Chine, en Suisse pour traiter une infection Covid-19 chez des patients qui requièrent une ventilation mécanique et qui ne présentent pas de maladie cardio-vasculaire.
Se référer au guideline des HUG pour accéder aux références des études
Cette molécule est donc validée par Swissmedic pour les indications ci-dessus.
Par ailleurs, en laboratoire, ce traitement par chloroquine présenterait des bénéfices mais qui méritent d’être confirmés par des études cliniques, de nombreux essais sont en cours un peu partout dans le monde. En effet on suspecte la Chloroquine de posséder une action antivirale contre le SRAS-Cov-2 responsable de la maladie Covid-19. En 2005, des chercheurs américains et canadiens ont publié une étude dans le journal Virology qui détaille l’action de la molécule sur des cellules de singes infectés par un autre coronavirus, le SRAS, responsable d’une épidémie en 2003. L’action interviendrait avant que les cellules ne soient exposées au virus ou après avoir été exposées, donc action à la fois curative et préventive :
La chloroquine est contre-indiquée chez les personnes qui présentent un déficit en G6PD. Cette contre-indication est bien connue des médecins spécialistes de la médecine des voyage amenés à prescrire de la nivaquine contre le paludisme.
L’ANSM, Agence française de sécurité du médicament classe également la Chloroquine comme médicament contre-indiqué en cas de déficit en G6PD : ANSM Liste_substances_actives_Deficit_G6PD_20052019 chez ces patients déficitaires en G6PD la chloroquine pourrait provoquer un accident hémolytique.
Les effets indésirables de la chloroquine y compris lors de traitements brefs sont également connus par exemple allongement du QTc à l’ECG qui peut être associé à la survenue d’arythmies ventriculaires.
Un traitement par chloroquine est contre indiqué en cas de rétinopathie, et de nombreuses précautions d’emploi sont à observer chez les patients qui présentent les pathologies suivantes :
Dans les essais cliniques conduits, la charge virale des patients atteints du Covid-19 diminuerait. Pour ces études cliniques on utilise plutôt l’hydroxychloroquine car elle présente moins d’effets indésirables que la Chloroquine. Certaines études cliniques qui concluent sans doute hâtivement à l’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le virus SARS-CoV 2 suscitent beaucoup de critiques de la part des scientifiques car la méthodologie est très discutable. Une étude chinoise récente conclut à une absence de différence significative de la charge virale entre un groupe traité à l’hydroxychloroquine et un groupe non traité, mais il s’agit d’un petit échantillon de 30 personnes.
COVID-19 et hydroxychloroquine : les recommandations du HCSP, Haut Conseil de Santé publique français.
L’hydroxychloroquine est associée dans des essais cliniques à l’Azythromycine, cet antibiotique de la classe des macrolides aurait une action antivirale in vitro. A ce jour, les seules données à disposition sont les données françaises de l’étude du Professeur Didier Raoult à Marseille (Gautret et al 2020) qui rapportent l’effet de la combinaison azithromycine et hydroxychloroquine chez 6 patients seulement. Les HUG rendent attentifs aux précautions à l’utilisation de l’azithromycine ( nombreuses interactions médicamenteuses ) et sous azithromycine, on observe également un risque d’allongement de l’intervalle QTc. Il faut donc être prudent en cas d’utilisation en combinaison notamment avec l’hydroxychloroquine qui présente également un risque similaire au niveau cardiaque.
Ivermectine =Mectizan®
Des chercheurs australiens ont récemment découvert que l’Ivermectine, antiparasitaire largement utilisé pour traiter l’onchocercose pouvait inhiber en 48 heures, in vitro, la réplication du virus SARS-CoV-2, virus responsable du Covid-19. Ivermectine est connu pour tuer les microfilaires dans l’onchocercose. Le traitement est administré une fois par an.
Ce médicament disponible depuis plusieurs décennies comporte très peu d’effets indésirables. Des essais cliniques doivent maintenant confirmer ces effets observés en laboratoire.
Ivermectine sur le site de l’OMS.
Le principe est simple : on prélève du sang à une personne qui a guéri du Covid-19 pour recueillir les anticorps qu’elle a développés et on transfuse ce sérum de convalescent à des malades. Les anticorps sont nombreux durant cette phase de convalescence.
Ceci est une ancienne méthode qui a fait ses preuves pour des maladies telle que la rage : on peut administrer des immunoglobulines humaines rabiques à une personne qui a été exposée à la rage. Ces immunoglobulines contiennent des anticorps contre le virus de la rage.
Des essais sont en cours dans le cadre du Covid-19 : cette méthode serait probablement plus efficace si elle était utilisée à titre préventif ou peu de temps après l’apparition des symptômes. Et transfuser n’est jamais sans risque, on pourrait transmettre d’autres germes.
On observe une détresse respiratoire chez les malades du Covid-19 dont le système immunitaire s’est emballé.
Le tocilizumab (Actemra® ou RoActemra®), appartient à la famille des anticorps monoclonaux – des anticorps créés en laboratoire, issus d’une seule et même souche de lymphocytes et conçus pour répondre à une cible précise. Le Tocilizumab habituellement utilisé comme traitement pour la polyarthrite rhumatoide, agit en bloquant le récepteur d’une protéine du système immunitaire qui joue un rôle important dans le processus inflammatoire. Ce traitement semble efficace pour freiner l’orage immunitaire ( orage cytokinique) observé dans certaines formes de Covid-19. Parmi ces molécules cytokiniques, il y a les « interleukines 6. Le tocilizumab en bloquant l’interleukine-6 empêche cet orage cytokinique.
Le vaccin BCG est connu pour générer une très forte stimulation immunitaire qui dépasse largement l’installation d’une immunité contre la tuberculose. Cette propriété est d’ailleurs utilisée pour l’immunothérapie de certains cancers de la vessie.
On sait également que certains vaccins vivants (Le vaccin contre la tuberculose (BCG) contient des bactéries vivantes de la tuberculose bovine ) entraînent à la fois :
Des essais sont en cours dans plusieurs pays pour savoir si le vaccin BCG pourrait avoir un effet sur l’infection Covid-19. Mais il existe très peu de producteurs de vaccins BCG dans le monde. Par conséquent si le BCG s’avère efficace, il faudra résoudre le problème de sa production pour le mettre à disposition de toute la planète…
Pour mémoire :
Un vaccin fait produire des anticorps à l’organisme contre un agent infectieux. La prévention par un vaccin est toujours une bonne solution.
Dans le cas du coronavirus SARS-CoV-2, la couronne est constituée de protéines en forme de spicules qui lui permettent d’entrer dans la cellule et donc de se reproduire. Il faut que les anticorps parviennent à neutraliser ces protéines pour empêcher le virus de pénétrer dans les cellules.
Des essais cliniques pourront se faire assez rapidement mais il y aura des délais de production comme pour tous les vaccins. Il faudra attendre au moins 12 voire 18 mois pour qu’un vaccin soit disponible.
Selon de nombreuses publications scientifiques, notamment résumées dans le guideline des HUG : à ce jour il n’existe pas d’argument solide pour traiter des personnes de moins de 60 ans sans comorbidité et qui présente une maladie apparemment bénigne. L’administration de traitements se fait strictement dans le cadre d’essais cliniques car l’efficacité et et les bénéfices des traitements sont très incertains. Mais les pistes thérapeutiques encourageantes sont nombreuses. Tout le monde scientifique est mobilisé l’intelligence collective va nous permettre de relever ce défi sanitaire du Covid-19.
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