La kinésiophobie, ou plus globalement, la peur de déclencher les douleurs en bougeant ou en travaillant est un élément important à évaluer chez une personne qui présente une lombalgie chronique. Plusieurs questionnaires sont disponibles pour évaluer la kinésiophobie chez les lombalgiques chroniques et aident ainsi à prédire ceux qui ont un comportement élevé d’évitement de la douleur. En cas de kinésiophobie importante la prise en charge thérapeutique devra être différente : ces personnes ont besoin d’un suivi spécifique pour pouvoir affronter leur douleur et ensuite reprendre une vie quotidienne normale et leur activité professionnelle. L’activité de réhabilitation lombaire donne des résultats très encourageants.
La lombalgie coûte très cher surtout lorsqu’elle entraîne de longs arrêts de travail. En Europe, mais également en Suisse, elle coûte 2% du PNB. Le retentissement humain de la lombalgie est également très lourd puisqu’un employé lombalgique chronique aurait 7 fois plus de risque de perdre son travail. Dans un certain nombre de cas c’est la peur de déclencher la douleur qui empêche la reprise des gestes de la vie courante et de l’activité professionnelle. Il faut donc être en mesure de dépister cette appréhension du mouvement, appelée kinésiophobie pour mettre en place la prise en charge thérapeutique adéquate.
Evolution normale de la lombalgie : Au cours du premier mois, la plupart des personnes lombalgiques récupèrent. Le traitement de la lombalgie aigue repose sur le traitement antalgique et myorelaxant, il faut éviter l’alitement
Lorsque la lombalgie se prolonge entre 4 semaines et 3 mois : le traitement peut consister en infiltration mais ce traitement est très débattu.
Au delà de 3 mois, le traitement de cette lombalgie chronique repose sur l’activité physique de réhabilitation.
En effet en première intention on n’opère pas un lombalgique chronique, puisque la prothèse n’a un effet positif que durant la première année. Les manipulations n’ont des effets qu’à court terme. La prise en charge doit donc être plus globale ( biomécanique et psychologique) pour une réhabilitation intensive.
Les facteurs suivants sont des facteurs de risque de chronicisation :
Ce questionnaire TSK ( = questionnaire Tampa comporte 17 questions, résultat est côté de 1 à 4 pour chacune d’entre elle. Si le score est au-delà 37, il y a un risque de kinésiophobie
Le FABQ, Fear-avoidance beliefs questionnaire, littéralement le questionnaire sur les croyances de peur et d’évitement, permet d’appréhender l’importance de la kinésiophobie chez un lombalgique. Le FABQ a été développé par Waddell pour évaluer dans les paramètres cliniques, les peurs et croyances chez les patients lombalgiques . Cette évaluation peut aider à prédire ceux qui ont un comportement d’évitement de la douleur élevé.
Le FABQ se compose de 2 sous-échelles, correspondant à deux sous-sections distinctes :
L’intégralité du questionnaire doit être rempli. Le FABQ total est coté sur 96 . Un score élevé est en faveur de peurs et croyances élevées.
Tous les items ne contribuent pas à la détermination des scores des deux sous-échelles :
Le FABQ est un questionnaire valide et fiable dans une population de lombalgiques chroniques et semble être un outil de dépistage utile pour identifier les patients atteints de lombalgie aiguë qui ne retourneront pas au travail à 4 semaines.
Un score de la sous-échelle travail supérieur à 34/42 permettait d’identifier les patients à risque de ne pas retravailler après quatre semaines parmi les patients souffrant de lombalgie aiguë dans le cadre d’un accident du travail. Cette sous-échelle travail apparaît comme le meilleur facteur prédictif d’incapacité autoévaluée à six mois..
Cet outil développé par Mastricht University comporte 40 photos. On demande au patient de hiérarchiser les activités qu’il juge traumatisantes pour son dos, qu’il s’agisse d’activités dans le cadre du travail ou dans la vie quotidienne ( activité de ménage, etc)
Une version courte de l’outil PHODA, Phoda-SeV, peut être téléchargé sur ce site.
La réhabilitation lombaire est indiquée à fortiori lorsque la kinésiophobie est importante.
La réhabilitation lombaire est une approche pluridisciplinaire de prise en charge de la lombalgie chronique : elle consiste en 3 semaines de réentraînement physique, à la fois pour les activités de la vie quotidienne, les activités de loisir et les activités professionnelles. La thérapie médicale d’entraînement débute par une introduction à l’entraînement pratiqué sur des appareils et se termine tout au plus dans les 3 mois suivants. Elle prime sur un traitement individuel. Pour suivre une thérapie médicale d’entraînement le patient doit avoir une douleur inférieure à 5. En effet un Numerical Rating Scale inférieur à 5 est considéré comme niveau de douleur acceptable pour être capable de faire des exercices.
Le but primaire de la réhabilitation lombaire, c’est bien le retour au travail et éventuellement donner des pistes pour une réorientation. Exemple du service de réhabilitation lombaire du CHUV : pour pouvoir bénéficier d’une réhabilitation lombaire, il faut avoir entre 18 et 65 ans, être en activité, ne pas être en conflit avec l’assurance et parler la langue française. Le prix de cette réhabilitation est de 4 500 CHF pris en charge par l’assurance.
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