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Evaluer la capacité ou incapacité de travail

L’appréciation de la capacité ou incapacité de travail relève du médecin. Elle est évaluée dans l’activité habituelle exercée pour les personnes qui travaillent, ou dans l’accomplissement des travaux de la vie habituelle pour un assuré qui n’a pas d’activité professionnelle. Cette incapacité de travail s’exprime en pourcentage. Une incapacité de travail de longue durée doit également être appréciée dans le cadre d’une activité adaptée aux limitations engendrées par l’atteinte à la santé. En droit la capacité de travail résiduelle est réputée exigible.

Rappel des diverses expertises 

Expertise destinée à évaluer la capacité de travail / incapacité de travail, la capacité de performance 

Ce sont les mandats d’expertise les plus fréquents, très souvent demandés par l’Assurance Invalidité, AI

Expertise du lien de causalité

Dans une expertise pour l’assurance-accidents et l’assurance responsabilité civile, l’expert médical se prononce uniquement sur la causalité naturelle. Il se prononce sur la plausibilité entre le sinistre allégué et le dommage corporel allégué.
En effet l’obligation de prestation d’un assureur accidents ou responsabilité civile présuppose avant tout qu’il y ait un lien de causalité naturelle entre l’accident ou le sinistre et le dommage survenu.

Définition de l’incapacité de travail

Article 6 de la LPGA  : incapacité de travail

Est réputée incapacité de travail toute perte, totale ou partielle, de l’aptitude de l’assuré à accomplir daa profession ou son domaine d’activité le travail qui peut raisonnablement être exigé de lui, si cette perte résulte d’une atteinte à sa santé physique, mentale ou psychique. En cas d’incapacité de travail de longue durée, l’activité qui peut être exigée de lui peut aussi relever d’une autre profession ou d’un autre domaine d’activité.

Incapacité de travail : mission du médecin expert

Un médecin expert évalue cette incapacité de travail dans l’activité professionnelle exercée par l’assuré jusqu’à son atteinte à la santé ou dans le cadre des travaux de la vie quotidienne lorsque l’assuré n’exerce pas d’activité professionnelle.

La capacité de travail ne doit pas être exprimée simplement en pourcentage : elle se compose de 2 éléments, le poids de l’activité et le temps qui sont présentés de manière séparée par l’expert.

L’expert ne base pas son évaluation de la capacité de travail sur le diagnostic mais montre quelles sont les facultés perturbées du fait du diagnostic et comment ces troubles affectent l’activité et la participation. On compare ainsi le profil de capacité avec les exigences du poste de travail.

Une incapacité de travail de longue durée doit également être évaluée dans le cadre d’une activité adaptée aux restrictions engendrées par l’état de santé. Le médecin doit décrire précisément et objectivement les limitations fonctionnelles (  une diminution de rendement doit également être considérée comme limitation fonctionnelle) sur les plan physique, psychique et mental, à la fois pour l’exercice de l’activité professionnelle et l’accomplissement des travaux habituels de la vie quotidienne.

En complément de cette évaluation de l’incapacité de travail, le médecin expert doit définir l’exigibilité de l’exercice d’une activité lucrative ( activité professionnelle habituellement exercée ou accomplissement des travaux habituels de la vie quotidienne.
L’exigibilité correspond à l’effort de volonté qui peut être requis de l’assuré pour surmonter les symptômes qu’il présente.

Le médecin expert se prononce également sur les traitements et les mesures de réadaptation qui peuvent être exigées de la part de l’assuré.

Evaluation de la capacité de travail selon la nouvelle jurisprudence, grille d’évaluation

L’expertise médicale consiste à apprécier les capacités fonctionnelles et le diagnostic en tenant compte du contexte de l’assuré (facteurs personnels et environnementaux) et d’évaluer ensuite la situation selon les critères de la médecine d’assurance (exemple de critères de la médecine d’assurance : l’arrêt du tribunal fédéral 141 V 281, catalogue d’indicateurs).

A partir de 2015, le Tribunal fédéral a fondamentalement modifié sa jurisprudence sur l’évaluation de la ­capacité de travail en cas de troubles mentaux dans le cadre des procédures du droit des assurances sociales :
En effet avant 2015 on présumait que certaines pathologies n’étaient pas invalidantes. Dès 2015, cette présomption a été renversée. Un nouveau raisonnement est proposé, basé sur la cohérence, les ressources, etc  via une grille normative et structurée. Peu à peu toutes les pathologies ont fini par être appréhendées selon cette même grille d’analyse structurée ( le diagnostic en constitue la porte d’entrée).

En effet, le 3.06. 2015, avec l’arrêt 141 V 281 le Tribunal fédéral a abandonné la présomption de surmontabilité des troubles somatoformes et des troubles psychosomatiques analogues dans un arrêt de principe et l’a remplacée par une grille d’évaluation normative et structurée, fondée sur des indicateurs standards.
Le 30.11. 2017 cette jurisprudence  été étendue par l’ ATF 143 V 409 aux troubles dépressifs et par  l’ ATF 143 V 418 à l’ensemble des maladies psychiques.
Puis, le 11.07. 2019, elle a été étendue aux troubles liés à la dépendance : ATF 145 V 215 .

Excellent article de synthèse sur le Bulletin des médecins suisses
Les indicateurs définis par la jurisprudence jouent ainsi le rôle important de pont entre la médecine et le droit et constituent donc une base essentielle pour la compréhension mutuelle de ces deux disciplines.

 

Le médecin expert travaille en 2 temps :

Pour mémoire, 3 conditions à remplir pour qu’une invalidité soit reconnue au plan juridique

3 conditions :

Capacité de travail exigible : Guide pour l’évaluation de la capacité de travail exigible par suite d’accident ou de maladie

Société suisse d’assurance :guide pour l’évaluation de la capacité de travail exigible par suite d’accident ou de maladie

Incapacité de travail : Lignes directrices pour l’évaluation de l’incapacité de travail par suite d’accident ou de maladie

Société suisse d’assurance : incapacité de travail : lignes directrices pour évaluation de l’incapacité de travail par suite d’accident ou de maladie

Incapacité ou inaptitude au travail

Incapacité ou inaptitude au travail : guide à l’attention des médecins

Questionnaire de la Cour des assurances sociales 

Appréciation médicale

Quelles sont les ressources résiduelles de l’assuré sur les plans

Pour répondre à ces questions les experts peuvent se référer à :

Appréciation du point de vue de la médecine des assurances

Capacité incapacitant ou non des diagnostics retenus

Limitations ( qualitatives et quantitatives) en relation avec les atteintes constatées :

Influence des atteintes sur l’activité exercée jusqu’ici :

D’autres activités sont-elles exigibles de la part de l’assuré ?
En d’autres termes, au cas où les atteintes présentées par l’assuré(e) engendreraient une incapacité de travail totale ou partielle dans sa profession habituelle, peut-il ( elle) exercer d’autres activités professionnelles adaptées à ses limitations fonctionnelles ?

Mesures thérapeutiques

Appréciation du déroulement des mesures de réadaptation professionnelle au regard des atteintes diagnostiquées ?

Des mesures; notamment thérapeutiques ou de réadaptation professionnelle, sont-elles susceptibles d’améliorer la capacité de travail ( ou le rendement) dans l’activité exercée jusqu’à présent ou dans l’activité adaptée, cas échéant; lesquelles ? Si non, pour quelles raisons ?

 

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